My Stuff – La consommation responsable
Ou comment se défaire de l’idée de possession
Pour ce mois de février, notre association MYBLUEPLANET se concentre sur le thème « My Stuff », en français « mes affaires « ou « mes trucs » et y consacre un article dans son blog. Un sujet important qui nous concerne tous et toutes puisqu’au total 70% des émissions de gaz à effet de serre sont liées aux produits que nous achetons et consommons, dues à leur fabrication, production, transport, utilisation et fin de vie.[1] Alors comment, à notre échelle, pouvons-nous réduire notre consommation de CO2 ? Ne serions-nous pas plus heureux et heureuses si nous possédions moins et consommions de manière plus responsable ? Au travers de cet article, nous allons essayer de répondre à ces diverses interrogations.
Commençons par le premier mot : « mes », à moi. Ce pronom sous-entend une certaine possession, qui est l’une des valeurs primordiales de notre société actuelle. On nous apprend que posséder des choses est important, et même que ça nous rend heureux. Pour atteindre un mode de vie plus durable, il faut déconstruire cette idée et s’en détacher.
Un des premières choses sur laquelle j’ai dû travailler pour atteindre un mode de vie plus durable est mon envie de posséder : plus d’habits pour avoir du style, plus de cosmétiques pour être jolie, plus d’appareils électroniques pour être connectée.
Cette constante envie de neuf est présente chez la majorité des individus des sociétés occidentales. Le shopping est devenu une activité anodine, voire un loisir, d’autant plus chez les jeunes générations. Les achats en ligne sont également de plus en plus répandus, les applications comme Wish par exemple permettent d’acheter toutes sortes de gadgets bon marché et rapidement.
En plus du moment-même de l’achat, tout le processus nous procure une excitation et une joie : l’attente du colis pour une commande en ligne, son déballage ; vider les sacs lorsqu’on arrive chez soi après une journée de shopping, porter les vêtements pour la première fois, etc.
Mais au bout de quelques jours ou semaines, cette euphorie redescend, et on se lasse très vite de nos affaires. Notre armoire est pleine, mais on n’a rien à se mettre. Nos tiroirs se remplissent, mais on ne les ouvre plus. Nos gadgets s’accumulent, mais on en veut de nouveaux.
A-t-on donc vraiment besoin de toutes ces choses pour ressentir ces émotions positives ?
Ne pourrait-on pas dépenser notre argent et notre temps dans des moments plus éphémères, des souvenirs ou des loisirs, plutôt que d’accumuler toutes sortes « d’affaires » ?
Se poser ces questions permet de faire un premier pas vers la déconstruction de la notion de possession et de son importance dans notre société.
Au-delà de se détacher du besoin de possession qui règne en nous, il existe, selon moi, trois façons de consommer et de posséder de manière plus responsable – en partant de la plus efficace :
Ne plus acheter, ou limiter drastiquement ses achats
C’est bien sûr très difficile et radical. Mais c’est la solution la plus efficace pour réduire l’impact climatique de notre mode de consommation. Le non-achat économise en effet bien plus de ressources que l’achat responsable ou d’occasion, puisqu’un non-achat n’émet aucun CO2, ne comprend aucune terre rare, et n’a nécessité aucun labeur. Il s’agit ici bien entendu de tout ce qui sort des besoins primaires. Il faut bien manger et boire, se loger, s’habiller, travailler etc. Mais pour tout ce qui est superflu, pensez à vous poser cette liste de question avant chaque achat : (source : deconsommateur.com)
- Est-ce urgent ?
- Ne l’ai-je pas déjà ?
- Comment s’en passer ?
- Comment le faire soi-même ?
- Pourrais-je l’emprunter ?
- Pourrais-je l’acheter d’occasion ?
- Respecte-t-il l’homme et l’environnement ?
Si les réponses en toute honnêteté à ces questions ne vous poussent pas à renoncer à l’achat, alors il est justifié et vous pouvez vous lancer. Acheter moins permet aussi d’ajouter de la valeur à chaque nouvel objet qui entre en votre possession : c’est une des rares choses que vous vous êtes permis d’acheter, prenez-en soin et gardez-la le plus longtemps possible.
Acheter d’occasion
L’achat deuxième main divise au minimum par deux l’impact environnemental de votre acte de consommation. En effet, comme l’objet ne nécessite pas de nouveau processus de production, vous économisez de précieuses ressources en le récupérant en milieu de vie pour lui redonner une utilité. Vous évitez ainsi qu’il devienne un déchet.[2] En plus, la deuxième main devient de plus en plus tendance, des décos d’intérieur vintage aux habits chinés en friperie, c’est la classe d’acheter d’occasion ! Attention toutefois à ne pas faire d’achat superflus ou inutiles, sous prétexte que c’est deuxième main. La surconsommation n’est pas durable, même lorsqu’il ne s’agit pas de produits neufs.
Acheter du neuf éthique et/ou écoresponsable
Pour certains biens, comme les sous-vêtements ou certains appareils électroniques, l’achat second main n’est pas toujours adapté ou envisageable. Dans ce cas, la meilleure alternative est alors d’acheter du neuf éthique et écoresponsable. Dirigez-vous alors vers les marques labellisées, les appareils AAA, les biens produits localement. Le web et les réseaux sont aujourd’hui inondés de boutiques en ligne durables et d’informations sur les différents labels – renseignez-vous !
Conclusions
Ces conseils et réflexions ne sont nullement à recevoir comme des injonctions ou des reproches. Il me semble simplement important de remettre en question notre besoin de possession et notre mode de consommation. Il n’est toutefois pas judicieux de se culpabiliser à chaque achat ou de ne vivre qu’avec un matelas au sol et une fourchette. C’est à chacun et chacune de trouver son propre équilibre. Sachez simplement que tout achat réfléchi, questionné et informé est bien plus responsable qu’un achat impulsif, spontané et irréfléchi. Cela vaut au niveau environnemental et social, mais aussi pour vos propres économies et votre épanouissement personnel.
27.01.2021
Marianne Wagner-Meige pour MYBLUEPLANET
© Photo de Luca Laurence sur Unsplash
[1] https://clairdutemps.com/astuces-zero-dechet/deco-brico/comment-bien-acheter-de-seconde-main/ citant ADEME
[2] https://www.ecoconso.be/fr/content/pourquoi-acheter-en-seconde-main